Pierre Gatier, De l’Elégance Parisienne Aux Rives de l’Oise

S’il est probable que les musées garderont encore portes closes quelques temps, ici et là, on sentirait presque frémir une onde, naître un mouvement. En coulisses des musées ensommeillés, les petites mains s’activent pour que continuent à naître les projets. Prenant leur mal en patience. Comme si l’art transportait une charge d’espoir. La rentrée culturelle ne serait-elle qu’à quelques pas ?

Ainsi, au printemps prochain, le Musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de L’Isle-Adam présentera, en collaboration avec l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA), une exposition dédiée aux œuvres gravées de l’artiste Pierre Gatier.

Le Grand derby de Chantilly, 1910, eau-forte et aquatinte en couleurs, Paris, Bibliothèque de l’INHA

Le Grand derby de Chantilly, 1910, eau-forte et aquatinte en couleurs, Paris, Bibliothèque de l’INHA

Rassemblant près de 130 œuvres, l’exposition rendra hommage à ce peintre et graveur français, dont l’oeuvre met en scène l’Histoire française du début XXème. De 1900 à 1914, les Élégantes parisiennes de la Belle Epoque se partagent ainsi les eaux-fortes et aquatintes en couleurs des débuts de carrière. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, Pierre Gatier s’attachera en effet à dépeindre Paris et sa vie sociale trépidante, s’intéressant moins aux monuments qu’aux lieux les plus courus de la capitale, des Champs Elysées à la Place Vendôme. Pierre Gatier entretenait également un lien étroit avec la mode et ses acteurs, le créateur Jacques Doucet en tête, s’attardant souvent à détailler minutieusement les tenues des parisiennes. 

Printemps 1907, 1907 Eau-forte et aquatinte en couleurs 31,4 ×19,9 cm, Paris, Bibliothèque de l’INHA

Printemps 1907, 1907 Eau-forte et aquatinte en couleurs 31,4 ×19,9 cm, Paris, Bibliothèque de l’INHA

La Promenade des Champs-Élysées, 1910, eau-forte et aquatinte en couleurs 37,9 × 52,9 cm, Paris, Bibliothèque de l’INHA

La Promenade des Champs-Élysées, 1910, eau-forte et aquatinte en couleurs 37,9 × 52,9 cm, Paris, Bibliothèque de l’INHA

Cependant, dès 1915, l’artiste s’engage dans une voix différente qui l’amènera à une vraie rupture stylistique. Les linoléums révèlent alors une gravure en noir et blanc, plus sèche, plus rude, traduisant l’atmosphère sombre d’une époque à l’aube de la guerre.

Installé par la suite à Parmain, dans le Val d’Oise, de 1920 à 1929, il y trouve bientôt un nouveau souffle. L’artiste troque alors fréquemment les sujets parisiens pour les scènes de la vie rurale qu’il adopte désormais. Les paysages de campagne habitent régulièrement des gravures dont l’esthétique se module dans le même temps. Les pointes sèches et burins gravés au trait, en noir uniquement, témoignent d’un style plus graphique et vivant que jamais auparavant.

Le Bar du Bœuf sur le toit, 1923, estampe, Paris, Bibliothèque de l’INHA

Le Bar du Bœuf sur le toit, 1923, estampe, Paris, Bibliothèque de l’INHA

A travers son parcours, l’exposition nous révèle la diversité expressive d’un artiste qui, tout au long de sa carrière, aura eu à coeur d’explorer le potentiel des procédés de gravure qu’il aborda. Aquatinte, eau-forte, linogravure, burin et pointe sèche, chacun de ces médiums aura été utilisé avec sens et propos. Non seulement pour révéler son art, mais aussi pour accompagner l’homme et l’évolution de sa propre vie, de Paris aux rives de l’Oise.

La Garenne (au-dessus de Parmain, Val-d’Oise), 1928, burin 14×21,3cm, L’Isle-Adam, musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq - © photo : Jean-Michel Rousvoal

La Garenne (au-dessus de Parmain, Val-d’Oise), 1928, burin 14×21,3cm, L’Isle-Adam, musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq - © photo : Jean-Michel Rousvoal

Pierre Gatier, De l’élégance parisienne aux rives de l’Oise (1878 - 1944)
Exposition du 10 avril au 19 septembre 2021
Musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de L’Isle-Adam, Val d’Oise

Commissariat Caroline Oliveira, directrice du musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq